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PHILIP K. DICK

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Message  Casus Belli Jeu 11 Sep - 18:08

THE MAN IN THE HIGH CASTLE _1962

Wikipédia : Uchronie : réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé

Dans cette fiction, nous suivons plusieurs personnages dans un monde où les forces de l’Axe (Allemagne, Japon, Italie) ont gagné la seconde guerre mondiale.
- Les États-Unis sont répartis territorialement sous la domination conjointe des allemands (à l’est) et des japonais (à l’ouest).
- Un livre décrivant un monde où les forces alliées ont gagné la seconde guerre mondiale circule ("La sauterelle pèse lourd")
- Des tensions s’observent entre l’Allemagne et le Japon.
- Extraits Wikipédia : « Les États-Unis n'ont plus les moyens de développer leur aviation à réaction, c'est l'ingénieur allemand Werner von Braun qui va inventer pour l'Allemagne des fusées pour les vols intercontinentaux : la Lune est conquise peu après la fin de la guerre, les premières missions vers Mars commencent dans la décennie qui suit »
· J’observe un procédé original de distanciation par rapport à l’Histoire politique et ses déterminismes : une mise en abîme par l’uchronie.
· Cette mise en abîme soulève des questions, des réflexions : dans quelle mesure la nation vainqueur d’un conflit modifie l’après guerre, idéologiquement, économiquement ?
· Les tensions décrites dans le roman entre l’Allemagne et le Japon rappellent celles de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS. Après toute guerre, est-ce que les forces qui se sont alliées pour la circonstance sont inévitablement déterminées à s’opposer ?
· L’uchronie peut être un exercice pour présenter des visions et mettre à jour les vices de la propagande : d’un point de vue idéologique, le monde qui est combattu (peu importe de quel côté on se place) et désigné comme ennemi, justifiant un conflit (mondial même), est constamment diabolisé, montré comme pire!
· La fin du roman révèle que l’uchronie du livre fictif ("La sauterelle pèse lourd") a en fait été écrite par l’Oracle car elle est Vérité : les alliés ont gagné la guerre. À un niveau national et international, l’ennemi est survendu, surreprésenté ; son corpus de valeur est considéré comme barbare. Le but est toujours de justifier une intervention massive (pour servir des intérêts économiques, des questions de ressources).
· Le corpus idéologique battu est-il vraiment pire que le nouveau mis en place ?
· Le Yi-King : le classique des changements
J’y vois un symbole : la réalité et son double uchronique sont les deux faces d’une même pièce à l’image du Yin et du Yang qui sont de couleurs opposées mais pourtant complémentaires. L’Oracle informe des changements qui arrivent aussi bien dans la réalité que dans son uchronie parallèle. C’est pourquoi son interprétation est ambiguë.
· Il y a un commerce d’œuvre d’art, qui traduit les valeurs auxquelles l’individu s’attache, et qui est fonction, non pas de l’art en tant qu’art désintéressé, mais lié aux nations vaincues ; ce qui traduit une nostalgie, le vainqueur ne souhaite pas détruire l’autre complètement. Cette analyse se trouvait déjà dans un roman de Victor Hugo, L’Homme qui Rit : « La plupart étaient coiffés d’un mouchoir roulé autour de la tête, sorte de rudiment par lequel le turban commence en Espagne. Cette coiffure n’avait rien d’insolite en Angleterre. Le Midi à cette époque était à la mode dans le Nord. […] Subir un peu les mœurs de ceux à qui l’on fait subir la loi, c’est l’habitude du vainqueur barbare vis-à-vis le vaincu raffiné ; […] C’est pourquoi les modes castillanes pénétraient en Angleterre ; en revanche, les intérêts anglais s’infiltraient en Espagne. »
· Par rapport à la conquête de l’espace : la volonté d’expansion territoriale est mise à jour. La raison même pour laquelle est combattu l’Autre (il est expansionniste), se trouve être le moteur-même du vainqueur, qui vend cela comme une avancée : aussi bien les américains dans la réalité que les allemands dans la fiction de Philip K. Dick se veulent fiers de conquérir de nouveaux espaces.

On sait que l’histoire exposée au plus grand nombre est écrite par les vainqueurs. L’angle de vue des uchronies tente d’éclairer ce constat. L’histoire écrite pour le peuple par les vainqueurs tend à faire passer le gagnant aux yeux du peuple pour un sauveur, à l’opposé de celui qu’il combattait, alors que l’ordre donné afin d’agir est similaire dans les deux camps. En gros : « c’est l’autre l’attaquant ».


UBIK _1969

Dans l'univers d'Ubik, les comateux sont placés en semi-vie dans des centres appelés les moratoriums. Leur pensée continue de courir, et ils sont reliés entre eux. Les vivants peuvent alors communiquer avec les semi-vivants.
Suite à une explosion, Glen Runcinter est mort, mais son équipe vit encore. Où est-ce l'inverse ?
Le message suivant réapparaît souvent aux personnages :
Philip K. Dick a écrit:« Je suis vivant et vous êtes morts. »
La réalité se brouille, et l'on ne sait plus qui est en semi-vie et qui est encore bel et bien vivant.

extrait posté sur Wikipédia :

La pensée : dernier rempart dans une réalité déconstruite
Dans un univers où toutes les dimensions primordiales sont déconstruites, une seule entité constitue les êtres : la pensée. De Glen Runcinter, il ne subsiste plus que la pensée dans le « vidphone » ; le moratorium et la conservation en semi-vie n'offrent que la pensée des défunts aux visiteurs. En ce sens, Ubik est une parfaite illustration de l'absolue solidité de l'assertion de René Descartes, le "Cogito ergo sum" du Discours de la méthode, c'est-à-dire que lorsque tout se déconstruit, la première entité à se raccrocher pour se constituer en "être" est la pensée. Que tout soit flottant, rien n'est concevable sans échange de pensée. Lorsque celle-ci vient à faire défaut, ce sont toutes les dimensions qui s'en trouvent altérées. Mais la pensée n'est pas exempte d'ennemis : un Malin génie dans les Méditations métaphysiques de René Descartes, représenté ici par Jory, l'entité qui perturbe tout accès à la vérité, à la pensée des individus confinés en semi-vie.

« C’est de ce côté que doit s’organiser la lutte » La bataille du bien et du mal pour la Vérité se déroule finalement dans la réalité la moins originelle, dans la nouvelle qui vient remettre en question l’ancienne.

L’une des assertions de Philip K.Dick est : “ Reality is that which, when you stop believing in it, doesn't go away”. (« La réalité est ce qui continue d’exister lorsqu’on cesse d’y croire. » trouve dans ce roman des échos confondants.

En terme de gnose, dans le cas présent, pour ceux et celles qui recherchent le sens de la vie, Ubik a opéré la plus grande inversion possible : la vie est en fait un état vers la mort.
Casus Belli
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