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Message  Casus Belli Dim 6 Avr - 9:18

Vanité : « Défaut d'une personne vaine, satisfaite d'elle-même et étalant cette satisfaction ».
Kevin Lomax est un jeune et brillant avocat. Il n’a jamais perdu un seul procès. Son talent n’a d’égal que son ambition. C’est ainsi qu’il se fait recruter par un grand cabinet d’avocats New-Yorkais à la tête duquel préside l’étrange John Milton. Notre jeune loup du barreau gravit alors les échelons à une vitesse diabolique. Plus le procès est difficile, meilleur il est. Mais il se trouve que nombre des accusés qu’il défend avec succès sont loin d’être blancs comme neige. Il les disculpe malgré leur crime. Ainsi il vend son âme au Diable mais sans se l’avouer. Il entre dans son jeu de manipulation. Un jeu présent dés la première scène : un procès. Ceux-ci sont potentiellement injustes car biaisés par la qualité des avocats : le jugement n’emporte quasiment jamais l’adhésion de tous. C’est une faille dans laquelle le diable se glisse insidieusement. Notre protagoniste est confronté à une fameuse dualité : le Bien et le Mal. Les choix qui en résultent seront évalués lors du Jugement Dernier. Kevin Lomax fait ses choix : il quitte sa mère pieuse et religieuse pour ce monde d’avocats qui ne jurent non avec le cœur mais avec les livres de lois, il quitte la petite ville pour la grande, il abandonne sa femme pour son travail. En effet, dans les desseins du diable, l’amour n’a pas sa place. Leur vie de couple se dégrade à l’image d’un rêve idyllique supplanté par le cauchemar. La descente aux enfers est alors inexorable : ce qui était Amour n’est plus que Luxure, ce qui était Réussite n’est plus que Vanité.
Mais c’est lors du face à face final que John Milton se révèle être non seulement son père, mais aussi…le Diable ! Le Diable est donc Humain ; ici, point de chimère à cornes, nous avons affaire à un humain proche de nous ; si proche qu’il nous renvoie à nos propres démons. Le face à face final prend des allures de procès où les rôles s’intervertissent : l’avocat joue son propre procès, le Diable épingle les défauts. Il place notre homme devant le miroir de ses péchés. Kevin Lomax se retrouve ainsi dans le jeu de la plaidoirie et accuse le Diable d’avoir conditionné son libre-arbitre, de l’avoir piégé et manipulé en créant les situations de tentation. Mais le diable dément et révèle la stupéfiante vérité : Kevin Lomax a toujours eu le choix ; le Diable et ses tentations ne sont qu’un masque derrière lequel il se cachait par refus de découvrir ses propres démons : son libre-arbitre répond uniquement de ce qu’il est : un être narcissique emplit de vanité. C’est ici que l’on comprend que le bien n’a jamais eu la moindre chance de l’emporter. Après cette mise à nu de Kevin Lomax, le Diable prend un malin plaisir à démanteler la morale de son antagoniste : Dieu. D’un côté il nous créé avec des instincts et des envies, de l’autre il définit des péchés ; des péchés qui trouvent racine dans nos instincts : « Regarde, mais ne touche pas ! Touche, mais ne goûte pas. Goûte mais n’avale pas ! ». Serait-ce un « test » ? Quoi qu’il en soit, le Diable s’accorde une vision plus cohérente et paradoxalement moins sadique : l’ingrédient de base de la Liberté est l’abandon du sentiment de culpabilité. C’est pour cette raison que, parmi ses nombreux fils, le Diable a choisi cet avocat pour successeur : l’acquittement est un moyen de disculper. Le Diable l’a choisi car il a un marché à lui proposer. Le procès est devenu négociation. Le Diable a besoin d’un successeur ; d’une famille plus exactement. C’est alors qu’il lui présente sa demi-sœur. Contrairement à sa femme qui ne pouvait avoir d’enfants, sa demi-sœur est prête à être fécondée. Le Diable projette un avenir où sa descendance règnera et répandra la corruption à travers d’innombrables acquittements. Un avenir à l’image du XXième siècle. Ce que le Diable attend de son fils et de sa fille, c’est un Antéchrist ! La vanité est un ingrédient clé. Kevin Lomax est alors seul face à son libre-arbitre, il a le choix ; le choix entre le Bien et le Mal. Et c’est pour se prouver qu’il n’est pas corrompu et libre de ses choix que notre avocat refuse de pactiser avec le Diable en accomplissant le plus noble des sacrifices : le Suicide ! C’est alors que la scène opère un flashback : nous retournons au procès d’ouverture du film, à la première scène, tel un cercle vicieux torturé comme un nœud de Möbius. Est offert à Kevin Lomax l’ultime opportunité de se racheter, de changer son destin. Cette fois, au lieu de commettre des erreurs et de les abjurer après, c’est en connaissance de cause et avec foi qu’il refuse de défendre son client car il le sait coupable. L’audience est scandalisée. Kevin Lomax rachète ses fautes en étant radié du barreau. C’est alors qu’on le croit sur le chemin de la rédemption jusqu’au moment où un journaliste lui propose d’écrire un article sur lui fera sensation, qui l’érigera en modèle de vertu aux yeux du grand public. Mais c’est ici que l’on découvre la force de l’inéluctabilité : en acceptant cet article, il vient de renouer avec sa vanité. Une vanité qui l’a perverti en prenant les traits de l’ostentation.
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