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INTRODUCTION A THE BODY SNATCHERS

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INTRODUCTION A THE BODY SNATCHERS Empty INTRODUCTION A THE BODY SNATCHERS

Message  Casus Belli Mar 22 Nov - 13:41

Par Graham Sleight. Traduit par JOACHIM

Jack Finney (1911-1995) était un écrivain originaire du Wisconsin dont la carrière s'est principalement orientée en dehors du champs de la science-fiction et de la fantaisie, mais reste célèbre pour deux ouvrages au sein de ce genre de littérature. Il a tenté de publier dans des magazines plutôt "lisses" comme Collier's ou The Saturday Evening Post, et c'est ainsi qu'il est parfois considéré comme une sorte d'intrus dans le fantastique. Mais dans ses deux principaux travaux, il fait montre d'une profonde compréhension du potentiel des outils à sa disposition. Le premier est Time and again (1970), une histoire douce-heureuse de voyage dans le temps qui projette ses protagonistes contemporains dans le New-York du 19ième siècle. Il tire sa force de l'attention particulière portée à l'aspect antérieur de la ville, et sa suggestion comme quoi ce serait une communauté où il fait bon y vivre. Le second est The Body Snatchers (1955), qui a été porté à l'écran plusieurs fois. (Les deux, film et livre, ont le titre alternatif de Invasion of the Body Snatchers ; cette édition reproduit le texte original plutôt que l'édition revue par Finney en 1978.) C'est le genre de travail, qui, même si vous ne l'avez pas lu, vous le sentez imprégné dans la culture.
Le postulat de départ est simple. Le narrateur, le Dr Miles Bennell, pratique la médecine dans la petite ville de Santa Mira, Californie, en 1953. Dans les premiers chapitres il a introduit l'idée que quelque chose n'allait pas dans cette ville, qu'un de ses résidents - bien que son apparence et son comportement restent parfaitement normaux - est en quelque sorte comme un imposteur. Sur la demande d'une ancienne amie, Becky Driscoll, il va à la rencontre de l'homme. À partir de là, lui et Becky commence à investiguer le phénomène, et les conséquences deviennent rapidement hors de contrôle.
Ce rythme, en fait, est une des premières choses qui frappe à propos du livre. Il est acquis assez tôt que le cas rapporté à Bennell dans les premiers chapitres est authentique, et aussitôt après, - une image célèbre - que ces substitutions humaines sont en fait d'avérés aliens, se développant à partir de cosses géantes. Mais une fois passé cette révélation, la contagion semble se répandre à la vitesse d'un rêve. (La métaphore de la maladie est appropriée, pas seulement eu égard la profession de Bennell mais par la façon dont ils vivent l'expérience - décrit comme une sorte de maladie.)
Dans les prémisses de cette contagion, apparaît la paranoïa. Si vous ne pouvez plus faire confiance à votre voisin - peu importe le degré de normalité dont ils fait preuve et l'amitié dont il témoigne - alors où êtes-vous ? Si vous ne pouvez dire qui est humain et qui est un alien, sur qui pouvez-vous compter, excepté vous-même ? Et que peuvent dire les gens de vous ? Peu de temps après la découverte des aliens, le livre joue avec l'idée que tous ces phénomènes pourraient être psychologiques, et que Bennell pourrait tout simplement imaginer les choses qu'il a vues. Mais il apparaît évident que cette explication ne permet pas d'élucider tous les faits et que Bennell doit essayer de convaincre les autorités que la menace est réelle. Une fois qu'il connaît le degré de dangerosité de la situation, il se sent nerveux à l'idée même de conduire sa voiture le long de la rue : "j'étais terriblement conscient de la lumière verte du cabriolet que nous conduisions - la voiture de Bennell, comme chacun en ville le sait - et je me demandais si les téléphones n'étaient pas décrochés dans les maisons devant lesquelles nous passions, et si l'atmosphère n'était pas chargée de messages nous concernant."
Je pense que c'est important, aussi, de relever le genre de location dans laquelle a lieu l'histoire, et le rôle de Miles Bennell dans celle-ci. Santa Mira est une petite ville et quand, sur la première page, il regarde en-bas dans la rue depuis son bureau la rue Principale, c'est comme si son regard pouvait englober tout ce qu'il s'y passe. Certainement, en tant que docteur, il a fait partie de beaucoup d'histoires qui se trafiquent ici-bas. Ce qu'il y a de plus terrifiant à propos de cette infestation d'aliens est la façon dont est corrompu cet ensemble de petites histoires qu'ils partagent. Au début du chapitre douze, Bennell parle du terrible fait de voir le lieu où vous êtes né mourir, plus spécialement si vous y avez grandi. Il compare le paysage à ce que la guerre amène, et va même plus loin en personnifiant la ville : "si j'étais un artiste, peignant la façon dont Etta Street m'apparaît, marchant le long avec Betty, je pense que je distordrais les fenêtres des maisons devant lesquelles nous passons. Je les montrerais avec des semi-ombres apparaissant, la tête de chaque ombre se penchant, de façon à ce que la fenêtre paraisse massivement opaque, avec des yeux scrutateurs, tranquillement et terriblement conscient de notre présence lorsqu'on passe dans ces rues silencieuses".
Finalement, Bennell finit par découvrir et déduire un peu plus au sujet des aliens, et le livre en arrive à la question de savoir si Santa Mira peut être sauvé, et à quel prix. Bennell et Becky font partie des quelques un qui doivent affronter une foule, et il y a des scènes claires sur la façon dont ils sont embêtés par cette foule d'aliens. A ce point, il n'est plus question de savoir si cette menace est réelle, et la seule réponse est de se battre.
Pour toutes ces raisons - le sentiment des aliens comme une version corrompue des gens normaux, la conformité qu'ils induisent dans leur victime, la paranoïa des survivants - il est facile d'y voir dans The Body Snatchers la mise en scène des peurs de la Guerre Froide et ce que le communisme ferait au mode de vie américain. C'est certainement une lecture qui est toujours d'actualité, spécifiquement du film de 1956 tiré du livre. Mais revenir au Body Snatchers maintenant, met d'autres choses en lumière. Le portrait de Santa Mira semble nostalgique, presque impossible (c'est réminiscent, par exemple, la petite ville similaire des années 1950 dans Back to the Future (1985)). Les choses étaient-elle vraiment aussi simples ? À la fin du livre, Bennell parle du coût engendré afin que Santa Mira se défende, et comment la ville en fut changée. Ce lieu ne sera pas restauré magiquement ou en une nuit, mais l'histoire de ce qu'il s'est passé ici peut au moins se réduire à une "incrédulité finale". Mais il est difficile de croire que Miles Bennell veut que nous ne croyions pas à cette histoire : autrement, pourquoi nous l'aurait-il raconté ?
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